Cette belle et chaude journée d'hiver.
Le truc qui est génial dans l’hiver, c’est quand ça n’y
ressemble pas ! J’adore ouvrir mes yeux, mes rideaux et leurs petits
voiles pour apercevoir le ciel bleu et les rayons du soleil. Ca donne un peu d’été
au milieu des frissons et des grelottements du froid.
Ma dernière expérience solaire violente remonte à cette
semaine. Un matin gris et froid, j’étais monté dans un train de banlieue qui
était rentré sous le sol puis j’avais pris une correspondance sur la ligne 6 et
là, lorsque le métro est passé aérien (un moment que j’apprécie
particulièrement), le soleil avait sorti ses caresses en forme de rayons et ses
sourires de lumière ! Le train s’est arrêté et une femme est rentrée avec
une petite fille. En allant s’asseoir sur les sièges, elle bouscule un homme
assis sur les strapontins. Une fois installée avec sa petite fille, l’homme se
met à râler contre elle « vous pourriez dire pardon, faire attention »
mais la femme semble l’ignorer, elle regarde sa petite fille rousse, sa
frimousse aux tâches et ses grands yeux bleux.
Je pense qu’elle aurait au moins pu s’excuser puis l’ignorer
sans entrer dans le grand débat qu’il avait l’air d’attendre. Enfin, après
tout, je me dis que tout ça à conserver le calme et que c’est pour le mieux :
si ma bonne humeur est sauvée, alors celle de tout le monde l’est (à l’exception
peut-être de celui qui s’est fait un peu bousculer mais il s’en est
probablement remis avec la suite des événements).
Car, bien sûr, il y a une suite. La petite fille se met
à chanter, assez fort, et la femme ne fait rien. Le train parcourt Paris, plus
belle que d’habitude toute habillée de soleil, et cela évoque chez ce petit
bout de quatre ans une soudaine envie de musique (contemporaine, il faut l’avouer !).
Alors elle se tourne vers sa mère après avoir bien chanté et continue face à
elle. Là, une autre lumière envahit le wagon : plutôt que de commenter sa
chanson, la mère parle à sa fille avec ses mains. La petite fille lui répond en
chuchotant ses mots mais en articulant clairement, le tout ponctué de quelques
gestes.
Ce dialogue de sourds diffuse dans le wagon le silence de l’admiration.
L’enfant et sa mère, dans une complète complicité, parlent ce langage que
probablement personne d’autre ici ne comprend. Je m’étonne encore des capacités
d’adaptabilité de l’humain en jeune âge ! Et le sourire aux lèvres, elles
discutent joyeusement tandis que le métro traverse la Seine éclairée par le
soleil. Alors je peux assurer que plus personne, en tous cas pas moi, ne pense
à avoir froid !
Fin d'exploration.